Je ne suis pas tout à fait à la fin de mon aventure polynésienne, mais il est temps de publier un petit article.


Tout a commencé par un retour en arrière : En avant vers le passé !


Je suis partie un mercredi après-midi de Nouvelle Zélande et je suis arrivée à destination environ cinq heures plus tard, mais la veille au soir. Je vous laisse quelques secondes le temps de vous figurer le concept.


J’adore le principe. On ne subit pas le décalage horaire et on remonte le temps de manière remarquable.  Pas encore assez pour décourager mes parents de me faire, mais c’est un bon début.


 

MOOREA : Le lézard jaune en tahitien


Il est aisé de rapidement fuir Tahiti, sa cohue et ses complexes hôteliers, pour l’île sœur. Ici, pas de gros centre urbain, mais des montagnes, des ananas, des artistes et des activités touristiques bien pensées. Tout est à échelle humaine malgré tout. C’est une bonne manière de prendre le pouls de la Polynésie. Le toquant baisse en rythme. Le temps a une autre valeur. Il suffit de prendre un vélo et de se laisser guider sur les routes quasi parfaites. Tout le monde vous salue avec bienveillance. Quand on va vers les hauteurs, on s’allège d’une bonne part de l’eau de son corps. Comme récompense, nous avons droit à un point de vue unique et une forêt où l’on peut faire de la randonnée, car balisée. C’est assez rare en Polynésie pour le signaler.

 



HUAHINE : La rebelle


Moins touristique, elle est encore plus authentique. Il y a un supermarché, une pharmacie et un magasin de vêtements. Les sommets sont bien moins hauts qu’à Moorea, mais tout y est plus sauvage. Les randonnées ne sont pas balisées, et, en cette saison, il n’y a pas de sentier. Et même s’il y en avait, ils sont très difficiles à trouver. Il faut donc faire appel à un guide.  J’ai eu la chance d’ouvrir un sentier avec un guide. Ce fut épique et un peu traumatisant... mais seulement pour le corps.

 


RAIATEA : l’île sacrée et authentique


Ici, il n’y a quasiment pas de tourisme. Il y a peu d’hôtels. Et, comme nous sommes en basse saison et que nous sommes à la fin de la saison des pluies, ils sont tout sauf plein. C’est l’occasion de profiter de la solitude encore un peu plus dans des séances de snorkeling solo autour des motus alentours que l’on rejoint en kayak ou en bateau.  Pas un chat, pas de poissons-chat, pas de chamois, pas de chat thon, mais des poissons exotiques par milliers. Attention au poisson-pierre et aux oursins malgré tout. Quand il pleut, cela fait remonter les poissons à la surface et cela rafraichit le dos.

 

Raiatea est aussi le berceau de la civilisation Maohi, dont l’immense site vient d’être classé par l’U.N.E.S.C.O. Tout n’est pas parti d’ici malgré tout, comme nous le verrons plus tard.


 


BORA BORA : La perle du pacifique, boring boring


Mythique pour son lagon qui est qualifié de plus beau du monde, destination emblématique pour lune de miel ; mais surtout arrière base militaire américaine pendant la seconde guerre mondiale après l’attaque de Pearl Arbor. Les vestiges restants valent le détour.

Cette île est un concentré de toute la beauté des îles du pacifique et plus particulièrement de l’archipel de la Société. Le seul archipel finalement que je visiterai étant donné l’éloignement des autres. Il faudrait quelques mois pour faire le tour des quatre autres archipels et sûrement en profiter pour pousser jusqu’à Hawaï.


Quant à Bora Bora, si elle possède les eaux les plus impressionnantes, elle est beaucoup trop touristique pour moi. Bungalows sur pilotis à perte de vue, hôtels luxueux qui ont « colonisé » les motus, proposition d’activités touristiques très cadenassés (davantage pour un principe de rentabilité qu’environnemental).


Il faut véritablement faire preuve d’endurance pour sortir des sentiers battus (le tour de l’île à vélo ou découverte du lagon en canoë).

L’île reste à voir. Sa beauté naturelle n’est pas encore défigurée par le tourisme de masse. Il faut juste espérer que la prise de conscience écologique et l’appât du gain touristique parviendront à s’équilibrer aussi bien qu’on essaie de nous le vendre.  



BILAN : LE PARADIS EST-IL SURFAIT ?

 

Ce qui est le plus gênant, c’est que l’on a tendance à recroiser les mêmes vacanciers d’une île à l’autre à cause de la manière dont est organisé le trafic aérien et maritime entre les îles. Cela fait très circuit par moment ! Heureusement, il est facile de s’émanciper de tout cela une fois dans chaque île selon ses choix d’hébergements et surtout d’activités. Beaucoup sont là, et c’est légitime, pour venir profiter du climat, du sable fin et des cocotiers.

 

 


Raies : Nager au milieu des raies est une expérience assez unique. Elles se comportent un peu comme des chiens savants. Évidemment, les voir évoluer sous l’eau, c’est de la poésie fusionnée avec de l’aéronautique. C’est fascinant ! On en oublierait presque de remonter à la surface pour respirer quand on les suit dans leur déplacement si gracieux.


 

Canoé dauphins : A Huahine, j’ai pris un canoé mis à disposition par l’hôtel pour me balader dans la baie et près de la barrière de corail. Rien de mieux pour apprécier le relief de l’île dans toute son éloquence et pour se muscler les bras.  J’ai eu la chance de me faire accompagner pendant une partie de ma balade par un banc de dauphins. Après les avoir repérés, juste avant une de leur plongée, je me suis approchée doucement. Ils se sont alors amusés autour du canoë, sautant allègrement, se mettant sur le dos, babillant joyeusement. C’était bluffant et un moment que je qualifierai d’émouvant.

Alors oui, j’ai attrapé des coups de soleil qui tuent, mais ça valait le coup.


Petit aparté soleil : Dans l’ordre de dangerosité d’exposition face au soleil même avec l’écran total, il y a :

-         Le canoë, le kayak, la pirogue

-         Le snorkeling

-         La rando en montagne non ombragée


J’avais déjà vécu une expérience similaire. Naviguer au raz de l’eau, c’est l’usine à coup de soleil à cause de la réverbération et de la non protection de l’eau. La moindre parcelle de peau exposée, même bien bronzée et protégée peut brûler quand le soleil décide d’exprimer pleinement sa bonne humeur. Un polynésien qui fait des compétitions de pirogue (le sport « national ») me disait qu’il a lui-même des coups de soleil à chaque compétition. Heureusement, ici on est resté proche de la nature en terme de remède de grand-mère et de plantes médicinales. Il y a toujours une plante, une feuille pour soulager les brûlures ou arrêter les saignements.


Climat : Étant donné que le printemps tarde à montrer le bout de son nez en France, j’éviterai de trop m’étaler sur le sujet. Une chose est sûre, même pendant la saison dîtes des pluies (chaude et humide), il est difficile de se plaindre du temps. Il suffit de vivre avec les intempéries. On se pose à l’abri le temps d’une heure, le temps de la pluie et on profite de la fraicheur et de l’environnement sonore : le chant du mur d’eau.


Beauté pure : Parler des eaux, des poissons, de la faune, de la flore, de la danse, des coutumes, c’est une chose. Tout cela est déjà très ancré dans l’imagerie tahitienne. Ce n’est finalement pas la chose qui m’a marquée le plus. Et non, je vous vois venir, ce ne sont pas les bruns ténébreux, mais ce sont les nuages.


Ils viennent s’enrouler, tournoyer autour des massifs des îles, comme une danseuse gracieuse. Ils se déplacent avec une aisance folle et semble voler entre terre et mer. Leur vitesse est assez prodigieuse. Au-dessus d’eux, nous voyons le ciel bleu, telle une vue du ciel en miroir.  Les nuages s’entortillent, s’amoncellent, se contractent, se dispersent dans une chorégraphie mutique. Ils sont subtils. Ils proposent des nuances de couleurs et de formes tout à fait envoutantes. Ils sont parfois colonnes ou volutes, puis deviennent nuées ou étendues gracieuses. On peut y lire des formes, mais c’est très fugace. J’y vois comme des nouvelles terres, des reliefs, une succession de signe d’un langage inconnu, une ponctuation naturelle qui sans cesse se renouvelle.


 



Polynésiens : Le polynésien est accessible et immanent, mais attention tout ceci n'est que surface. Il observe et sent les autres, plus qu’il ne parle. Il n’appréhende pas les personnes par les mots mais en l’observant, en captant son regard. Tout est dit dans un haussement de sourcil. Ici, comme il semble que cela soit le cas dans tous les territoires d’outre-mer, le rythme est plus lent, la population plus cool et débonnaire. Il faut accepter de se laisser porter par ce faux rythme lancinant et tout se passera bien. C’est le présent pur. Le passé, et encore moins le futur, n’ont pas place.


En revanche, la culture polynésienne des origines rejoint celle des Maoris de Nouvelle Zélande. C’est normal, car ils ont un berceau commun.

 

Ils ont donc le même rapport à la terre, à l’homme et à leur histoire. Ceux qui ont lu les articles précédents, savent normalement à quoi je fais allusion.


Et c’est le moment de faire mon petit cours, cette fois d'ethnologie… Désolée.

 

 

On parle du triangle polynésien pour décrire les migrations et les peuplements à travers l’histoire (la pieuvre). Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à la base tout part des Austronésiens (du côté de Taïwan aujourd’hui) qui ont commencé à peupler l’Océanie. On retrouve les traces des Maohis dans les îles Tonga et Samoa (1000 avant J.C) dans un premier temps, puis ils se sont dispersés dans tout le pacifique au fur et à mesure. La Polynésie, c’est la tête de la pieuvre. Nous sommes entre 300 et 600 après J.C. La Nouvelle Zélande fut le dernier territoire exploré et peuplé (800 après J.C.). C’est assez paradoxal quand on étudie une carte. L’île de Pâques, c’est 400 après J.C. et Hawaï, c'est autour de 500. La logique n’est donc pas la proximité, mais sûrement les vents et les étoiles.

 

Nouvelle Zélande, Tahiti, île de Pâques… il y a une thématique. C’est la pirogue, la culture pacifique.

 

Voici la fin de cet encart culturel, vous pouvez reprendre une activité normale !

 

Bref tout cela pour dire que non, le paradis n’est pas surfait.


La Polynésie est assez riche et contrastée pour offrir le type de séjour que l’on souhaite. Du farniente à l’aventure, de la terre à la mer, du local au mondialisé, de l’authentique au reconstitué, du culturel à l’abus de mojito. A vous de voir ce que vous cherchez…

Et la vie sous les tropiques, c’est tout de même bien sympa !

 


A PART CELA

  • Le beurre vient de Nouvelle-Zélande, proximité oblige ; mais ils n’importent que le beurre doux !

Frustration, consternation, tristesse…


  • L’élection territoriale aura lieu au mois d’avril.


  • Les chiens et les poulets sont en liberté.


  • Le tutoiement est un signe de politesse, le vouvoiement peut être perçu comme de la condescendance.


  • Jouer à la pétanque devient de plus en plus populaire le week-end chez les polynésiens.


  • Le dimanche, c’est combat de coqs. Les paris vont bon train même si c’est totalement illégal.


  • Les français sont appelés les popa’a et ce n’est pas péjoratif.

 

 

BILAN EN CHIFFRES



Nombre d’îles visitées : Cinq.


Kilomètres en voiture : Une petite centaine.


Kilomètres de randonnées : Une centaine.


Kilomètres en bateau : Une trentaine.


Kilomètres en canoë : Une vingtaine.


Kilomètres en vélo : Une centaine.


Heures de snorkeling : Une dizaine.


Nombre de bleus, coupures, hématomes, griffures, piqures et coups de soleil : Une bonne centaine.


Nombre de tatouages : Un.


Je suis aussi affutée qu’un gecko amphibie, très porté sur le camouflage.


 

Petit quiz NZ pour terminer (vous ne pensiez tout de même pas que je n’avais pas fait de stock !)

 


Et le deuxième pour la route.


A bientôt pour un article au bout d’un tentacule !


Avant cela, j'ai encore quelques petites aventures de prévues.


Nana !