Recuérdame : C’est l’arrière-saison au Chili. Dans le sud, les touristes étrangers ont déserté. Je ne croise que quelques chiliens préférant partir en décalé et en automne. Je fais des progrès en espagnol, nécessité faisant loi.


Tout le monde est incroyablement détendu dans ce pays. C’est le pays du cool. Ça se sent, ça se respire. Les plus excités ce sont surement les oiseaux-mouches. Les voir évoluer et surtout les entendre voler dans un bosquet est un vrai trésor pour les yeux et les oreilles. J’ai toujours eu une réelle fascination pour les oiseaux-mouches, qui savent voler à l’envers, peuvent battre 80 fois par minutes des ailes et qui ont un cœur qui bat à 1200 pulsations minutes.


Les rapaces : Je n’ai jamais autant vu de rapaces de ma vie, et pourtant je me suis baladée autour de Wall Street, et j’ai travaillé dans l’animation ! Plaisanterie mise à part, ils sont nombreux dans le ciel, dans un balai incessant fait de précision, de cris, de plongeons à pic et de rivalités. Les rapaces entre eux ne sont pas tendres. Qui l’eut cru ?



Certains ont un cri qui ressemble à un rire déployé de super vilain. C’est saisissant.

Sur la route de la fin du monde (Ruta del fin del Mundo – c’est facile l’espagnol parfois), en Patagonie chilienne, il n’est pas rare de croiser des rapaces profitant à plusieurs d’une de leur proie, le plus souvent des gros lapins.  

 

Chili, terre instable : Avec la cordillère des Andes courant sur tout son territoire Est, à cheval sur deux plaques tectoniques, le Chili connait, surtout dans sa partie centrale, d’incessants tremblements de terre. C’est ici qu’a été mesuré le plus gros tremblement de terre depuis la mise au point de l’échelle de Richter. En 1960, le pays a été touché par un tremblement de terre d’une magnitude de 9.5, soit 8.3 sur l’échelle de Richter. Il n’y a eu « que » 2000 morts et 3000 blessés à l’époque. Le tsunami provoqué par le tremblement de terre a tué des gens jusqu’à Hawaï et au Japon ! S’il advenait une telle secousse aujourd’hui, les chiffres seraient tout autre. Pensons aux 300 000 morts sur l’ile d’Haïti suite au tremblement de terre de 2010.


Le « Big One » attendu de la faille de San Andreas menaçant la côte Ouest américaine reste le plus craint et appréhendé du fait de la densité de population. D’un autre côté, les bâtiments sont antisismiques dans cette zone. Ce qui est loin d’être le cas au Chili. D’autre part, la prédiction sismique est loin d’être une science exacte. En Europe, c’est du côté d’Istanbul que l’on peut trembler.

 

Le trafic au feu : Dans la banlieue de Puerto Montt, j’ai pu observer une étrange vente à la sauvette. Aux feux, des gens proposent à l’achat des sachets plastique de plusieurs rouleaux de papier toilette. Le papier toilette serait-il une denrée chère dans ce pays ? Ou bien, les chiliens souffriraient-il de diarrhées aigües en voiture ? C’est assez cocasse.


Pisco Sour : c’est le cocktail chilien, même s’il se dispute l’appellation avec le Pérou. Il est donc fait à base du fameux pisco (eau-de-vie à base de plusieurs vins, 7 en règle générale). Ensuite, c’est sucre, blanc d’œuf et jus de citron vert. Ça vaut le coup, car c’est entre le fort et le doux, entre la terre de feu et le farniente. Douceur et coup de sang !


 

Condor : Voici ce que j’ai retenu de mon guide brun ténébreux : Le condor des Andes est le deuxième oiseau volant le plus grand du monde après l’albatros hurleur. Son envergure est de trois mètres les ailes déployées. Il en a bien besoin pour planer et déplacer sa grosse carcasse de dinde. Les condors sont des charognards. Ils peuvent ingurgiter de grandes quantités de nourriture et faire du stock dans leur gorge, puis digérer le temps nécessaire. Ils n’ont pas de plume sur le cou pour éviter les parasites, comme tout bon charognard qui se respecte. Le mâle a une crête. Ils ont des plumes noires et blanches près du cou et sur le dos. Ils vivent au moins jusqu’à 70 ans. Les condors pratiquent la monogamie et passent leur vie entière en couple (oui, je sais, c’est très choquant !). C’est le cas de la plupart des oiseaux. Ils peuvent procréer tous les trois ans, un seul œuf. Le couple s’occupera du petit pendant trois ans avant de le laisser partir. Ils lui apprendront à voler. Je dois dire que voir un condor voler et surtout planer est fascinant.



« Con d’Or » : Fin 2011/début 2012 : 17 600 hectares de forêts sont partis en fumées dans le parc Torres de Paine, le joyau de la Patagonie chilienne (personnellement, pour me donner une idée d’une surface en hectares, je prends toujours Paris, qui fait 105 hectares). Les dommages sont évidemment encore très visibles, car il faudra des décennies pour que « la nature oublie ».



Nous devons cela à un seul homme. Un vacancier israélien, qui au cours de trek a décidé de mettre le feu à son papier hygiénique usagé. C’est un ancien soldat de l’armée israélienne et c’est ce qu’ils ont l’habitude de faire… dans le désert ! ça doit être l’effet Pavlov : reproduire ce que l’on a appris sans se poser de questions. Il n’a pas pensé une seconde que l’environnement était différent. C’est consternant, d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de mémoire d’homme d’incendie accidentel en Patagonie.


Je propose de décerner le « Con d’or » chaque année ! Un(e) idiot(e) nuisant sérieusement à l’environnement par un comportement d’une stupidité confondante. D’après moi, un certain D.T l’a gagné haut la main l’année dernière en retirant son pays des accords de Paris sur le climat… par exemple.

 

Patagonie, la nature impériale : On est loin de tout ici. On comprend que nous sommes les invités. Nous sommes sur le territoire des pumas et des condors. La nature géologique et climatique ici est la reine. Elle dicte sa loi.


 

Punta Arenas : En Nouvelle Zélande, je parlais de la forte luminosité. C’est bel et bien avéré à cause de la proximité du pôle sud et du trou dans la couche d’ozone, qui est tout sauf de l’histoire ancienne contrairement à bon nombre d’idées reçues. A Punta Arenas, c’est encore plus perceptible. Le soleil a beau être peu présent, les températures peuvent être hivernales, il n’en demeure pas moins que les UV attaquent. Le soleil y est notamment blanc et très aveuglant. On dit que la quantité d’ozone diminue de 20 à 50% pendant le printemps austral.

 

Ce sera tout pour aujourd’hui. Le prochain article sera sûrement le bilan.