Il fait « frisquette » dans le sud du Chili et cela risque de ne pas s’arranger au fur et à mesure que je m’enfoncerai dans le Patagonie.



Conduire au Chili, c’est le vrai retour à la conduite à droite. Je mets encore les essuie-glaces à la place des clignotants. Finies les automatiques et grand retour du levier de vitesse. Ici, on conduit avec ses phares allumés. Ici, c’est 0,00 degré d‘alcool dans le sang toléré. Ici, ce ne sont pas les opossums qu’il faut éviter, mais ce sont les chiens errants e qui se baladent sur les routes et les autoroutes. Il en va de même des humains qui ont le virus de la traversée intempestive. Il faut y aller donc en mode cool et vigilant.



Quant aux chiens, j’ai adopté une stratégie. Je ralentis pour mieux qu’ils s’en prennent à la voiture, puis j’accélère généreusement pour les semer. Ainsi, les chances d’impacts sont minimes ou à très faibles vitesse. Je n’ai rien trouvé mieux. Passer à fond à la chilienne, en espérant que les chiens ne passent pas devant la voiture au dernier moment m’apparait trop aléatoire.



Je suis retournée au XXème siècle. Adieu le G.P.S. C’est à coup de cartes routières, de demandes de renseignements en espagnol et de coups de chance que je trouve mon chemin… ou pas. Comment fait-on quand on n’a pas de copilote qui tente de lire la carte et avec qui s’enguirlander ? On apprend par cœur quelques points de références. Au chili, avoir une bonne mémoire des chiffres est un atout. Les numéros de routes aident à s’y retrouver, ainsi que de savoir si on va au sud ou au nord ! Difficile de trop se perdre malgré tout au Chili. Avec les Andes à l’est, c’est facile de se repérer.



On sent chez les chiliens une mentalité insulaire. Entre les Andes d’un côté et le Pacifique de l’autre, ils ont été longtemps isolés du reste du continent, sans compter les années Pinochet et les tensions avec le Pérou et la Bolivie pour le fameux accès à la mer. Aujourd’hui, la société chilienne change à toute vitesse.


Le Chili est une terre de contrastes avec des gens contrastés et de fortes inégalités.


85% de la population vit dans les villes et 70 % dans la zone centrale du pays au climat le plus agréable.


1% de la population détient la moitié des richesses du pays. La classe moyenne est en plein essor, mais le contraste est très fort (voiture, maison, établissements, chiens…).


C’est au Chili que l’on trouve la diaspora palestinienne la plus importante du monde (500 000 personnes), hormis les camps de réfugiés dans les pays arabes autour d’Israël et de la Palestine.


LA PLUIE : Au cours de mon voyage, je prends conscience qu’il y a plein de pluies différentes. Oui, je distinguais, la pluie d’orage, la pluie tropicale, l’ondée ou la bruine. Outre celles-ci, il y en a d’autres, tout à fait caractéristiques de l’endroit où on évolue. La pluie sur l’ile de Pâques est brève et d’intensité variable. Les nuages n’ont nulle part où s’accrocher. Il est très facile de savoir quand il va pleuvoir avec certitude. Sans compter que grâce au relief, on prend conscience de la dimension micro climatique de l’averse. Nous pouvons voir la pluie au loin sur une colline ou qui créée des rideaux ondulés sur l’océan. La pluie au Chili offre une succession de pluies, le temps que la dépression passe son chemin. Cela s'arrête tout le temps ou cela ne s'arrête jamais. Cela dépend du point de vue. En Polynésie, les nuages viennent se poser sur les monts. Ils se concentrent et la pluie tropicale s’abat, tel un rideau vous privant du paysage et vous assommant de son bruit si puissant. Quant à la pluie en Nouvelle Zélande, elle est comme la nôtre. Les nuages s’installent, puis au bout d’un moment il pleut avec une intensité variable selon le nuage concerné.


 

 

A PART CELA

J’ai fait de la piste pour 4x4, sans 4x4, pour rejoindre le parc national de Tantauco au sud de l’île de Chiloé. J’ai cru que j’allais devoir abandonner ma petite voiture de location en cours de route. A côté, la randonnée dans la forêt humide avec le sol ultra glissant, c’était presque du pipi de chat.


Aparté : Mais diantre ! Pourquoi cette expression « c’est du pipi de chat » ? L’expression signifie : c’est une boisson fadasse, insipide, sans valeur. Mais qui a été confronté à un chat d’intérieur perturbé (comprendre ici : qui ne fait pas dans sa caisse) ou qui a voulu tester la litière jamais changée comme insecticide, sait que le pipi de chat est peu abondant mais particulièrement tenace et incommodant. Rien d’insipide dans le pipi de chat ! C’est peut-être une question de goût, mais là j’avoue que je n’irai pas tester.


A méditer.